moi mon allure est plus régulière que je ne le suis. quand je sors je me déguise, je me fais passer pour quelqu’un de lisse, je joue à la femme, je redessine sur mon visage les contours de mes yeux parce que je sais que les signes de la beauté facilitent les passages, mais certains jours j’aimerais me transformer en truand pour savoir ce que c’est qu’être craint. parfois on croirait que pour avoir droit au désespoir il faut l’afficher, comme autrefois on se couvrait de noir pour signaler son deuil. seulement il arrive que le désespoir ne prenne pas de couleur, alors on se retrouve entre deux images et dans la solitude du secret.
Comment être femme sans avoir à se déguiser?
1. Quelles sont les émotions que vous ressentez-vous lors de votre première lecture du poème?
2. Si vous aviez à choisir une couleur pour visualiser le désespoir, quelle serait-elle? Pourquoi avez-vous choisi cette couleur?
3. Prenez un crayon de cette couleur et esquissez un petit dessin pour illustrer le désespoir. Qu’est-ce que le dessin signifie pour vous?
4. Dans ce poème, Camille Readman Prud’homme écrit : « quand je sors je me déguise ». Parfois, il nous arrive de dissimuler des facettes de nous. Est-ce que cela vous arrive? Qu’est-ce que vous cachez?
5. Le poème est écrit d’un seul souffle. Comment cette forme influence-t-elle la manière de le réciter? Quel ton de lecture vous semble le plus adapté à cette forme?
Activité d’écriture
Inspirez-vous de la forme du poème pour écrire une longue strophe d’un seul souffle, en vous inspirant de ce qui résonne en vous à la lecture du poème.
Liens utiles
- Article La Presse: « Dans l'intimité de la pensée de Camille Readman Prud'homme »
- Émission Ohdio: « Qu’avez-vous à dire, les Camille? »
- Mouvances Francophones, Vol. 7, No. 2, Francophonies Canadiennes: « La nuit nous lie », entretien avec Camille Readman Prud'homme
Camille Readman Prudhomme, «moi mon allure...» Quand je ne dis rien je pense encore, Montréal, L’Oie de Cravan, 2021, p. 56.